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.Puis, tu recommenceras, s il lefaut, mais, du moins, tu seras quelque peu habitué à te mouvoirdans ces profondes couches du fleuve.»Benito promit à Manoel de tenir compte de ses recomman-dations, dont il comprenait l importance.Il était frappé surtoutde ce que la présence d esprit pouvait lui manquer, au momentoù elle lui serait peut-être le plus nécessaire.Benito serra la main de Manoel ; la sphère du scaphandrefut de nouveau vissée à son cou, puis la pompe recommença àfonctionner, et le plongeur eut bientôt disparu sous les eaux.Le radeau s était alors écarté d une quarantaine de pieds dela rive gauche ; mais, à mesure qu il s avançait vers le milieu dufleuve, comme le courant pouvait le faire dériver plus vite qu iln aurait fallu, les ubas s y amarrèrent, et les pagayeurs le soutin- 291 rent contre la dérive, de manière à ne le laisser se déplacerqu avec une extrême lenteur.Benito fut descendu très doucement et retrouva le solferme.Lorsque ses semelles foulèrent le sable du lit, on put ju-ger, à la longueur de la corde de halage, qu il se trouvait par uneprofondeur de soixante-cinq à soixante-dix pieds.Il y avait donclà une excavation considérable, creusée bien au-dessous du ni-veau normal.Le milieu liquide était plus obscur alors, mais la limpiditéde ces eaux transparentes laissait pénétrer encore assez de lu-mière pour que Benito pût distinguer suffisamment les objetsépars sur le fond du fleuve et se diriger avec quelque sûreté.D ailleurs le sable, semé de mica, semblait former une sorte deréflecteur, et l on aurait pu en compter les grains, qui miroi-taient comme une poussière lumineuse.Benito allait, regardait, sondait les moindres cavités avecson épieu.Il continuait à s enfoncer lentement.On lui filait de lacorde à la demande, et comme les tuyaux qui servaient àl aspiration et à l expiration de l air n étaient jamais raidis, lefonctionnement de la pompe s opérait dans de bonnes condi-tions.Benito s écarta ainsi, de manière à atteindre le milieu du litde l Amazone, là où se trouvait la plus forte dépression.Quelquefois une profonde obscurité s épaississait autour delui, et il ne pouvait plus rien voir alors, même dans un rayontrès restreint.Phénomène purement passager : c était le radeauqui, se déplaçant au-dessus de sa tête, interceptait complète-ment les rayons solaires et faisait la nuit à la place du jour.Mais, un instant après, la grande ombre s était dissipée et la ré-flexion du sable reprenait toute sa valeur. 292 Benito descendait toujours.Il le sentait surtout àl accroissement de la pression qu imposait à son corps la masseliquide.Sa respiration était moins facile, la rétractibilité de sesorganes ne s opérait plus, à sa volonté, avec autant d aisanceque dans un milieu atmosphérique convenablement équilibré.Dans ces conditions, il se trouvait sous l action d effets physio-logiques dont il n avait pas l habitude.Le bourdonnements accentuait dans ses oreilles ; mais, comme sa pensée était tou-jours lucide, comme il sentait le raisonnement se faire dans soncerveau avec une netteté parfaite, même un peu extranaturelle , il ne voulut point donner le signal de halage et continua àdescendre plus profondément.Un instant, dans la pénombre où il se trouvait, une masseconfuse attira son attention.Cela lui paraissait avoir la formed un corps engagé sous un paquet d herbes aquatiques.Une vive émotion le prit.Il s avança dans cette direction.De son bâton il remua cette masse.Ce n était que le cadavre d un énorme caïman, déjà réduit àl état de squelette, et que le courant du rio Negro avait entraînéjusque dans le lit de l Amazone.Benito recula, et, en dépit des assertions du pilote, la pen-sée lui vint que quelque caïman vivant pourrait bien s être enga-gé dans les profondes couches du bassin de Frias !&Mais il repoussa cette idée et continua sa marche, de ma-nière à atteindre le fond même de la dépression
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