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.- Vous l'avez délibérément arrangé comme ça ?- Bien s˚r.Prends un joint, trésor, et surtout ne te fatigue pas àle faire passer.J'ai horreur de ces baveux chipotages en commun ! quitte àêtre dégénérée, autant le faire comme une lady, tu ne crois pas ?Il y avait deux autres invités.Le premier, proche de la cinquantaine, une barbe rousse, était un poète de North Beach dénomméJoaquin Schwartz.("Un brave homme, confia Mme Madrigal à Mary Ann, mais j'aimerais tellement qu'il apprenne à utiliser les majuscules !") L'autre était une femme prénommée Laurel qui travaillait au dispensaire Haight-Ashbury.Elle ne se rasait pas sous les aisselles.Pendant tout le repas, Joaquin et Laurel débattirent de leur année favorite.Joaquin croyait en 1957.Laurel estimait que 1967 était le summum.ou plutôt avait été le summum.- On aurait pu la faire durer, dit-elle.Je veux dire, elle avait une existence propre, non ? Nous partagions tout : l'acide, la musique, la baise, l'Avalon, le Family Dog, le Human Be-In.Il y avait quatorze hippies dans l'appartement à Oak Street, quatorze hippies et six sacs de couchage.Bordel, c'était magnifique, car après tout, c'était.l'Histoire.Nous faisions l'Histoire.Et on était la putain de couverture de Time Magazine, mec !Mme Madrigal resta polie.- Et que s'est-il passé, mon enfant ?- Ils l'ont tuée.Les médias.- Tué qui ?- Tué 1967.- Je vois.- Nixon, le Watergate, cette connasse de Patty Hearst, le Bicentenaire.Les médias en ont eu marre, de 67, alors ils l'ont zappée.Elle aurait pu survivre pendant quelque temps.Une partie s'est enfuie àMendocino.mais les médias l'ont découverte et l'ont tuée à nouveau.Et merde quoi.qu'est-ce qu'il nous reste ? Il n'y a plus un seul endroit o˘on vit encore en 67 !Mme Madrigal fit un clin d'oeil à Mary Ann.- Je te trouve bien calme.- Je ne suis pas certaine de.- quelle est ton année favorite ?- Je ne crois pas que j'en aie une.- Moi, c'est 1987, dit Mme Madrigal.J'aurai soixante-cinq ans ou quelque chose comme ça.Je toucherai ma retraite et j'aurai économiséassez d'argent pour m'acheter une petite île grecque.Elle enroula une mèche de cheveux autour de son index et sourit légèrement.- En fait, ajouta-t-elle, je me contenterais déjà d'un petit Grec.Après le dîner, en allant aux toilettes, Mary Ann s'attarda dans la chambre à coucher de la logeuse.Sur le buffet reposait une photo dans un cadre d'argent.Un jeune homme, en uniforme de soldat, debout à côté d'une voiture des années 40.Il était assez beau, même s'il portait son uniforme avec gaucherie.- Comme tu le vois, la vieille dame a un passé.Mme Madrigal se tenait dans l'embrasure de la porte.- Oh.je fouine, n'est-ce pas ? s'excusa Mary Ann.Mme Madrigal sourit.- J'espère que ça veut dire qu'on est amies.Je.Mary Ann, gênée, se tourna vers la photo.- Il est très séduisant.C'est M.Madrigal ? s'enquit-elle.La logeuse secoua la tête.- Il n'y a jamais eu de M.Madrigal.- Ah bon.Je vois.- Non, tu ne vois pas.Tu ne pourrais pas.Madrigal est.un nom d'emprunt, comme on dit dans les polars.J'ai commencé une nouvelle vie il y a environ douze ans, et l'ancien nom est la première chose dont je me suis débarrassée.- Et c'était quoi ?- Je t'en prie.Si j'avais voulu que tu le connaisses, je ne l'aurais pas changé.- Mais.- Pourquoi "madame", c'est ça ?- Oui.- Les veuves et les divorcées sont moins.comment dit Mona, encore ?.importunées.On nous importune moins que les célibataires.Je crois que tu as d˚ le découvrir par toi-même.- Importunée, moi ? Je n'ai même pas reçu le moindre petit coup de téléphone obscène depuis que je suis à San Francisco.Franchement, cela me plairait d'être importunée un peu plus souvent.- La ville regorge de jeunes hommes charmants.- Charmants les uns envers les autres.Mme Madrigal pouffa de rire.- C'est vrai qu'il y a beaucoup de ça.- Vous en parlez comme de la grippe.Moi, je trouve ça terriblement déprimant.- Mais non.Prends ça comme un défi.quand une femme triomphe dans cette ville, elle triomphe réellement.Tout s'arrangera, trésor.Patience.- Vous croyez ?- J'en suis certaine.La logeuse lui adressa un clin d'oeil et plaça son bras sur les épaules de Mary Ann.- Viens, retournons auprès de ces gens assommants.Rendez-vous avec RubyLa maison de Ruby Miller se trouvait sur Ortega Street, dans le Sunset District, un bungalow en stuc vert avec une pelouse manucurée et un bac de roses en plastique à la fenêtre.La voiture garée dans l'allée du garage arborait un autocollant qui disait : "KLAXONNEZ SI VOUS AIMEZ J…SUS."Edgar gara la Mercedes de l'autre côté de la rue.Il verrouilla les portes, et aperçut Mme Miller qui le saluait d'un geste à la fenêtre.Il lui renvoya le geste.Bon Dieu ! Il se sentait comme un vendeur de chaussures qui rentrait à la maison retrouver sa femme.Mme Miller alluma la lumière sous le porche, ôta son tablier et remit en place une mèche de ses cheveux gris.- quel plaisir de vous revoir, vraiment ! Je suis dans un état.Je n'avais pas prévu.- Désolé.J'espère que ça ne vous pose pas trop de problèmes.- Ne soyez pas ridicule.Je suis tout excitée.Elle lui tapota la main et l'emmena dans la maison.- Ernie ! Regarde qui est là !Son mari regardait la télévision dans une chaise moderne danoise.Ses bras avaient la forme et la couleur du fromage provolone.- Bonsoir, monsieur Halcyon.Il ne se leva pas, trop absorbé par la petite lucarne.- Comment ça va, Ernie ?- Bob Barker vient de permettre à un Marine de revoir sa bien-aimée.- Je regrette de.- C'est Vérité ou Conséquences.Ils ont rapatrié ce Marine d'Okinawa et lui ont fait retrouver sa fiancée.Elle était déguisée en grenouille.Ils l'ont obligé à l'embrasser.les yeux bandés.Mme Miller prit Edgar par le bras.- Comme c'est touchant ! Je suppose que vous ne regardez pas beaucoup la télé.- Non, hélas.- Bien.Assez bavardé.Au travail.D'abord, quelque chose à manger.De la vitamine C, peut-être ? Des chips ?- Non merci, ça ira.A la dernière minute au club, sa nervosité l'avait poussé às'empiffrer de foies de volaille.- Je suis prêt dès que vous l'êtes.- Alors, allons dans le garage.Ernie, ne mets pas la télé trop fort, tu entends ?Son mari grommela sa réponse.Mme Miller fit passer Edgar par la cuisine.- Ernie et sa télé ! Je suppose que ça le détend [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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